Thich Nhat Hanh nous propose six pratiques pour cultiver le BONHEUR

Cet été, le Village des Pruniers en France a accueilli ses traditionnelles retraites des familles. Le thème de la diligence juste et de l’arrosage des graines ayant souvent été abordé, nous vous proposons un article, publié en 2021 par l’équipe de l’application du Village “PV App1, dans lequel nous découvrons et approfondissons les conseils que nous transmet Thich Nhat Hanh pour arroser nos graines de Bonheur.

Thich Nhat Hanh nous parle du Bonheur :

Lorsque les enseignants bouddhistes parlent d’atteindre la « paix à chaque instant » ou de « vivre profondément le moment présent », ils ne se réfèrent pas seulement à la méditation assise, à la relaxation profonde ou à la contemplation, qui sont des moments intentionnels de pleine conscience. Ils font plutôt référence à chaque instant de notre vie.

Tant le bouddhisme que le christianisme nous enseignent l’art de vivre profondément le moment présent et d’entrer en contact avec les merveilles de la vie en nous et autour de nous, sans nous soucier de l’avenir. En 2004, dans un Enseignement du Dharma intitulé L’art d’être heureux, Thich Nhat Hanh citait l’Évangile de Matthieu, selon lequel nous devons “nous occuper d’aujourd’hui parce que demain s’occupera de lui-même”.

Les pratiquants de ces deux religions cherchent à atteindre un lieu de paix : la Terre Pure du Bouddha ou le Royaume de Dieu. Les deux peuvent être atteints par la pleine conscience et la contemplation : “le Royaume est disponible pour nous, mais peut-être ne sommes-nous pas disponibles pour le Royaume. La pratique consiste donc à se rendre disponible pour la Terre Pure, pour le Royaume qui est déjà là. Et cette pratique n’est pas si difficile”.

“La Pleine Conscience nous aide à nous établir dans l’ici et maintenant et elle constitue la condition de base pour que nous puissions toucher la vie, toucher le Royaume de Dieu, toucher la Terre Pure du Bouddha.”

Voici quelques extraits de cet Enseignement du Dharma, pour nous aider à comprendre et à cultiver la paix et le bonheur à chaque instant :

1. Soyons davantage comme des enfants

Si nous prêtons attention à la façon dont les enfants, sans même le savoir, pratiquent l’art du bonheur et de la joie, nous pourrons mieux comprendre comment vivre profondément dans le moment présent.

Les enfants sont bien plus doués que les adultes dans l’art de savourer l’ici et maintenant : “Ils pensent bien moins que nous à l’avenir, ils n’édifient pas autant de projets que nous, et ils ne sont pas pris au piège du passé.” 

Et donc, Thây nous dit que “apprendre à être davantage comme des enfants est une bonne pratique.” Pratiquer la pleine conscience en qualité d’enfant signifie aussi apprécier pleinement faire cela.

2. Chercher le bonheur dans les petites choses ordinaires  

Il n’est pas nécessaire de consommer quoi que ce soit de particulier pour être heureux. Si nous nourrissons nos sensations de joie et pratiquons la pleine conscience pour rester en conscience du miracle de la vie, nous pouvons trouver le bonheur dans le moment présent :

“Vous n’avez besoin d’aucune consommation : ni alcool, ni cigarettes, ni vin, ni voiture coûteuse pour accéder aux nombreuses sensations agréables, merveilleuses et joyeuses qui nous nourrissent. La pleine conscience nous aide à rentrer en contact avec la joie qui est en nous, et avec les merveilles de la vie autour de nous. Le Bouddha nous a conseillé de nous nourrir de sensations saines, joyeuses et agréables car c’est en étant suffisamment en joie que nous aurons la capacité de gérer les sensations négatives et désagréables.

“C’est important car il y a beaucoup de douleurs, chagrin, peur et colère en nous ; et quand ces graines se manifestent, il est important que nous puissions les reconnaître, les embrasser et en prendre soin. Si nous ne pratiquons pas l’art du bonheur et de la joie, alors nous serons trop faibles pour accomplir le travail de gestion des souffrances présentes en nous”

Il n’est pas indispensable de s’asseoir en méditation pour être en pleine conscience ; cela peut se faire de façon continue et intégrée à nos activités quotidiennes les plus banales. Qu’il s’agisse de nous brosser les dents, mettre nos chaussures, faire la vaisselle ou prendre une douche (‘accordons de l’importance à chaque goutte, comme s’il s’agissait d’une perle ou d’un bijou’), chaque action ou inaction peut être un moment de paix ou de méditation sur les miracles que nous considérons comme des acquis. C’est l’ensemble de tels moments d’existence consciente qui nous mène au bonheur ; c’est véritablement un travail intérieur.

“Quand vous vous brossez les dents le matin, faites-le de telle sorte que le bonheur soit possible durant tout le temps du brossage ; et cela ne prendra peut-être qu’une ou deux minutes. C’est ce que je fais chaque matin et après chaque repas ; je me brosse les dents de telle sorte que le bonheur soit réel sur toute la durée du brossage. Et je ne me dis pas ‘allez, je vais me brosser les dents rapidement de façon à pouvoir faire ceci et cela après’. Se brosser les dents est une pratique et nous pouvons accéder à la Terre Pure durant le brossage. […] Faites chaque chose de votre quotidien dans cet état esprit ; ainsi, le Royaume de Dieu s’offrira directement à vous. […]

“Si nous parvenons à toucher le Royaume de Dieu […] alors nous cesserons de courir après la gloire, l’argent, le pouvoir ou le sexe, parce que nous avons déjà le bonheur. Nous n’avons plus envie de courir dans cette direction. Nombreux sont ceux qui, parmi nous, ont poursuivi ces cinq sortes d’envie et […] ils ont beaucoup souffert.”

3. Voir la pratique de la pleine conscience comme de la musique

“La respiration consciente, c’est comme jouer du violon. La musique peut être très douce, apaisante et tout le monde aura du bonheur”.

Il s’agit d’une magnifique analogie avec la pratique de la pleine conscience et la multitude de formations mentales qui cherchent à prendre le contrôle sur notre esprit.  

Nous avons à la fois des formations mentales positives (la confiance, la compassion, la bonté aimante, la diligence, la légèreté, la joie) et des formations mentales négatives (telles que la colère, le désespoir, la haine, la jalousie). Si nous respirons en pleine conscience, nous ne devons pas lutter pour éliminer les formations négatives. Au contraire, nous devons ‘danser’ avec elles, les embrasser, les accueillir et les transformer en formations mentales positives. 

Thây imagine un dialogue dans lequel nous expliquons à nos formations mentales négatives qu’elles auront l’occasion de s’exprimer plus tard mais que, en ce moment, “nous allons d’abord écouter un peu de musique”. Et la musique que nous passons est celle de la respiration consciente : inspiration, expiration. 

En d’autres termes, nous ne pouvons pas fuir notre souffrance mais nous pouvons apprendre à la transformer et ne pas nous laisser submerger par elle :

Il y a une rivière de sensations qui coule en nous nuit et jour et chacune d’elle est une goutte d’eau. […] Nous devrions rentrer chez nous, en nous, et reconnaître nos sensations intérieures, qu’elles soient agréables, désagréables ou neutres, et en prendre soin.

4. Percevoir notre esprit tel un jardin

à l’instar d’un jardin, toutes nos formations mentales sont organiques. Et, tout comme le jardinier, nous devons avoir conscience de l’importance du compost (déchet organique) pour des cultures saines. Transformer nos formations mentales négatives en compost permettra d’en nourrir des positives. Autrement dit : pas de boue, pas de lotus.

“Si vous avez un beau jardin et que vous êtes jardinier, vous savez que votre jardin contient des fleurs, bien sûr, mais il y a [aussi] des déchets et donc […] s’il y a des fleurs, il y a aussi des déchets. Les fleurs doivent devenir déchet, mais cela ne vous préoccupe pas puisque vous savez que ce compost peut à nouveau se transformer en fleurs. Sans déchet, pas de fleur. Sans souffrance, il ne peut pas y avoir de bonheur.

“Si vous ne savez pas comment prendre soin d’une fleur, celle-ci deviendra bien vite déchet, et si vous savez comment gérer ce déchet, il pourra plus tard devenir lotus.

5. Dresser une liste de nos moments de pleine conscience 

Cet enseignement du Dharma provient d’une retraite où il avait été proposé aux participants de compléter chaque jour une feuille de pratique avec l’idée de garder une trace de leurs moments de pleine conscience. Cette pratique s’adressait surtout aux nouvelles personnes, afin de les aider à adopter une routine de pleine conscience mais toute personne en quête de plus de discipline dans sa pratique pouvait bien sûr s’y exercer.

Faire la vaisselle ne sert pas uniquement à avoir de la vaisselle propre ; c’est un temps qui peut être joyeux. Vous pouvez être ici et maintenant dans le Royaume de Dieu durant le temps de la vaisselle. Chaque bol que vous lavez, chaque plat que vous lavez est sacré, un peu comme si vous donniez un bain au bébé Bouddha. C’est très sacré. Si la pleine conscience et la concentration sont présentes, alors tout devient sacré, saint, parce qu’il y a l’énergie de pleine conscience, l’énergie de concentration : c’est l’énergie de Dieu, de sainteté.

En retraite, la pratique quotidienne commence par le réveil : nous reconnaissons la lumière du soleil et la joie que 24 heures toutes nouvelles nous soient offertes. Cette joie peut se prolonger par notre routine matinale : se brosser les dents, replier notre couverture, préparer et savourer le petit-déjeuner, même ouvrir et fermer la porte (ce qui est en fait une des premières leçons de pleine conscience que reçut Thây de son propre maître).

Vous pouvez savourer chacun de vos pas. Vous pouvez arrêter vos pensées ; et juste placer votre attention sur vos pas et l’inspiration et l’expiration. Vous pouvez apprécier la présence des frères et soeurs qui font cela autour de vous, la présence des montagnes, la nouvelle lune qui est là, les arbres qui pratiquent avec vous. Chaque moment de votre quotidien peut ainsi être perçu comme un miracle. Vous continuez ainsi à vivre les miracles de la vie à chaque moment et, si vous pouvez faire cela, vous ne vous plaindrez plus car vous ne serez plus malheureux/se. ”

6. Pratiquer la pleine conscience en sangha 

En retraite avec de nombreux participants, Thây accordait une attention particulière à l’importance de pratiquer la pleine conscience avec une sangha. Elle peut être considérée comme un refuge, mais aussi comme un lieu d’enseignement et de pratique : “De nos jours, les gens se sentent coupés, isolés. Ils ne parviennent pas à se relier à quoi que ce soit qui soit beau, bon et vrai. Et c’est pourquoi bâtir une bonne sangha permet d’offrir un refuge à ces personnes.”

“Si vous partagez votre souffrance à la sangha, vous ne coulerez pas. […] Vous bénéficier de l’énergie collective de la sangha. Lorsque vous pratiquez la marche méditative, ou quand vous prenez le repas de midi. […] Et nous sommes là pour vous ; c’est pour cela quen prenant refuge dans la sangha, la pratique sera bien plus facile, bien plus agréable.

Ceci étant dit, nous ne devrions pas oublier que, au final, “le bonheur dépend de nous et non de l’autre personne”.

Et quand vous êtes heureux.se, quand vous avez suffisamment d’énergie de pleine conscience et de concentration, vous êtes à l’aise en vous-même ; vous sentez que vous êtes dans le Royaume de Dieu et [que] vous êtes en situation d’aider d’autres êtres. Vous ne vous plaignez plus de quoi que ce soit, car vous avez suffisamment de compassion pour embrasser et aider d’autres êtres vivants.


L’enseignement complet offert par Thây est accessible sur YouTube ; la chaîne YouTube francophone du Village des Pruniers vous offre aussi quantité de magnifiques enseignements sur différents thèmes tels que ‘Le non-soi’, ‘la non-mort’, ‘le compost et le lotus’ etc. offerts par Thây et la Communauté monastique. Voici aussi un autre enseignement de Thây consacré au sujet du bonheur :

Outre notre site, la chaîne YouTube, nous vous invitons aussi à découvrir les ressources qu’offre l’application PV et donc l’onglet ‘français’ est de plus en plus étoffé (méditations, enseignements, chants, relaxations…)

  1. (via ce lien sur PV App); La version pour téléphone vous donnera accès à de nombreuses ressources, également en français (et autres langues) ↩︎

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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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