Veuillez apprécier quelques extraits d’un enseignement donné par notre maître Thich Nhat Hanh à la veille de Noël 2011.
Une lumière de pleine conscience dans notre coeur
Une bougie signifie la lumière. La lumière n’est pas seulement à l’extrémité de la bougie, mais la lumière est dans notre coeur. Nous devons laisser la lumière entrer dans notre coeur. Avec la lumière, nous savons où aller. Et cette lumière est la pleine conscience. La pleine conscience est la sorte d’énergie qui nous aide à savoir ce qui se passe, ce qui est là, ce qui se passe dans le moment présent, et c’est une sorte de lumière. Si nous savons où nous sommes, ce qui se passe, nous saurons quoi faire et ne pas faire afin que la paix et le bonheur et la compassion soient possibles.
Le plus beau bodhisattva
En pratiquant la marche, vous pouvez entrer en contact profond avec la planète Terre, et vous pouvez réaliser que la Terre est votre maison. Au Village des Pruniers, nous apprenons à voir la planète Terre comme un bodhisattva. Le bodhisattva ne doit pas forcément être un être humain. Les humains sont une espèce qui est relativement jeune sur cette planète. Et dans les enseignements du bouddhisme, chacun, toutes choses, ont la nature du Bouddha. Vous avez peut-être entendu le koan à propos de savoir si un chien a la nature du Bouddha ou non. Quand j’étais novice, j’avais déjà appris que toutes les choses ont la nature du Bouddha. Non seulement un chien, mais une biche, une feuille, un caillou, toutes les choses ont la nature du Bouddha, non seulement les animaux vivants sont comme cela, mais les minéraux et les végétaux ont la nature du Bouddha.
Si vous regardez notre belle planète, vous voyez que la Terre est un vrai bodhisattva, et pendant la méditation marchée, vous pouvez réaliser que la Terre est le plus beau bodhisattva que vous ayez jamais vu. Il est facile de voir que la Terre est belle. Vous regardez autour, vous n’avez vu aucune planète qui soit aussi belle que celle-ci. Le soleil est aussi un bodhisattva, et ce bodhisattva est très généreux, il nous fournit la lumière, la source de la vie. Sans le bodhisattva soleil, il n’y aurait pas de vie sur Terre. Le soleil au-dessus de notre tête est un Bouddha de lumière infinie. Nous ne devons aller nulle part pour trouver ce Bouddha. Ce Bouddha est disponible dans l’ici et maintenant, ce Bouddha est dans le ciel mais il est en même temps en chacun de nous. Nous ne pouvons pas enlever ce Bouddha de nous-même.
Quand vous contemplez la planète Terre, vous voyez qu’elle a de nombreuses vertus. La première vertu est la solidité, l’endurance. Et vous souhaitez avoir aussi cette vertu, cette grande endurance, cette grande stabilité. Et elle peut porter tellement de choses. La seconde vertu est qu’elle est très créative. Elle donne naissance à tellement de belle espèces y compris les humains, et nous souhaitons être aussi créatifs que ce bodhisattva. Beaucoup d’entre nous sont artistes, mais si nous comparons notre travail au travail de la Terre, nous voyons qu’elle est l’artiste le plus talentueux. Il y a beaucoup de compositeurs musiciens talentueux parmi nous, mais la musique créée par la Terre mère est la plus merveilleuse. Il y a ceux d’entre nous qui sont d’excellents artistes peintres, mais c’est la Terre qui a peint les plus beaux paysages.
La Terre a de nombreux talents, et une de plus grandes vertus est la non-discrimination. Nous humains avons fait beaucoup de choses stupides, lui faisant du mal, mais elle ne se met pas en colère contre nous, elle nous apporte la vie, et elle nous accueille de nouveau. Aucune discrimination. Patience, stabilité, créativité, amour, non-discrimination sont quelques une des qualités de ce bodhisattva, et quand vous êtes capable de reconnaître ce bodhisattva, vous sentez la connexion entre vous et elle, et vous savez que ce bodhisattva Terre n’est pas simplement l’environnement où vous vivez, vous êtes elle, vous êtes une partie d’elle, et elle est en vous.
À chaque fois que nous souffrons, à chaque fois que nous nous perdons, à chaque fois que nous nous sentons aliénés, nous devons pratiquer le toucher de la Terre afin de revenir à elle et de nous restaurer, c’est la pratique que nous apprenons du Village des Pruniers. La Terre n’est pas notre environnement, la Terre est nous, nous sommes ses enfants, et elle est en chacun de nous. Si nous sommes malades, c’est parce que nous nous sommes aliénés d’elle. Alors quand nous respirons en pleine conscience, abandonnant nos regrets, nos soucis, nos peurs, et revenons chez nous à l’ici et maintenant, nous réalisons que nous avons un corps. Ce corps nous a été donné par la Terre mère. Respirez en pleine conscience et vous savez que vous avez un corps, et votre corps est un miracle. Si vous pouvez entrer en contact avec votre corps, vous reviendrez chez vous. Dans votre vie quotidienne, vous passez beaucoup d’heures oubliant que vous avez un corps, vous vous perdez dans votre ordinateur, vous vous perdez dans vos soucis, peurs, colères, et projets. Vous oubliez que vous avez un corps.
En pratiquant la méditation marchée, pratiquant la respiration en pleine conscience, nous revenons chez nous à notre corps, et nous réalisons que nous avons un corps. Un corps précieux donné à nous par le bodhisattva Terre, et si nous pouvons nous connecter à notre corps, nous sommes vivants de nouveau, et quand nous sommes connectés à notre corps, nous nous connectons avec la Terre mère, et nous commençons à guérir. La guérison n’est pas possible sans cette sorte de connexion. Donc marchez, respirez, de telle façon que vous puissiez vous connecter avec votre corps, profondément, et de cette façon vous pouvez vous connecter avec la Terre mère. Et votre guérison doit aller ensemble avec la guérison de la planète Terre. La Terre n’est pas l’environnement, la Terre est nous.
Et c’est assez facile à voir que quand vous mourez, vous revenez à la Terre mère. Elle est toujours là, ouvrant ses bras pour vous accueillir. Pourquoi devez-vous chercher un autre endroit ? Si la Terre nous aide à nous manifester une fois, elle le fera encore et encore, et à chaque fois que nous nous manifestons de nouveau, nous devenons plus beau, plus neuf, plus jeune, il n’y a aucune raison d’avoir peur. Méditons en visualisant une vague sur la surface de l’océan. Dans le domaine des phénomènes, une vague est une vague. Une vague peut être déconnectée avec les autres vagues autour d’elle. Une vague peut être prise par la peur, la colère, l’incertitude. Une vague, en montant, et descendant, peut souffrir beaucoup, et la vague peut vouloir poser la question : “Où est ma maison ? D’où est-ce que je viens ? Où irai-je ?” La vie d’une vague est très courte, juste montant et descendant.
Une vague peut être prise dans beaucoup de sortes de souffrances. Une vague peut être prise par les notions d’être et de non-être, de naissance et de mort, de beau et de non-beau. Une vague peut être prise par les complexes de supériorité ou infériorité ou d’égalité. Mais il y a une sorte de pratique pour que la vague puisse se connecter avec elle-même, et en se connectant avec elle-même, elle peut se connecter avec toutes les autres vagues et l’eau en elle.
D’où venons-nous?
Nous parlons de deux sortes de théologies. La théologie verticale, et la théologie horizontale. Avec la dimension verticale, nous essayons d’entrer en contact avec Dieu, l’absolu, l’ultime, notre vraie nature, et c’est une façon de trouver sa maison. Nous ne trouverons pas notre maison tant que nous n’entrerons pas en contact avec cette dimension, la théologie verticale. Nous devons toucher le nirvana, nous devons toucher l’ainsité, nous devons toucher la réalité ultime, nous devons toucher Dieu, et nous posons toutes sortes de questions, de savoir si Dieu est une personne, si le Tout-Puissant est une personne ou juste quelque chose d’impersonnel, si Dieu est le créateur de tout, si Dieu est une force en dehors du cosmos. Et les philosophes cherchent, les théologiens ont cherché, et même les scientifiques ont cherché la dimension ultime de la réalité.
Et la vague peut être capable de trouver qu’elle est faite d’eau. C’est une belle image qui nous sert comme exemple à méditer. Une vague peut souffrir beaucoup des notions de début, de fin, de naissance et de mort, de monter et de descendre, d’être et de non-être. Une vague peut souffrir quand elle se compare à d’autres vagues, plus ou moins belles. Mais quand la vague est capable de se toucher en profondeur et réalise qu’elle est l’eau, tout change. Quand elle touche la dimension ultime, quand elle touche sa vraie nature qui est l’eau, alors elle n’a plus peur. Montant, elle peut rire, descendant, elle peut rire aussi. Elle est libre du début, de la fin, de la naissance et de la mort et ainsi de suite. Et elle s’est vue dans les autres vagues, parce que maintenant, elle est l’eau. Elle n’est pas seulement une vague, mais elle est l’eau.
Quand vous entrez en contact avec la dimension verticale, votre vraie nature, vous entrez en même temps en contact avec la dimension horizontale, vous faites la paix avec toutes les autres vagues. Vous savez que vous êtes en elles, et qu’elles sont en vous. Donc la métaphore de la vague est très utile en méditation. Il est possible que la vague puisse toucher sa vraie nature comme eau, et en faisant cela, elle réussit en touchant sa dimension verticale. Elle touche Dieu, elle touche le nirvana, elle touche la bouddhéité, elle touche la réalité ultime. Et quand elle a fait cela, elle fait la paix avec toutes les autres eaux, parce qu’elle n’est plus séparée des autres vagues, elle voit chacune d’elles en elle, et elle est en chacune.
Participer à la conversation